Les textes littéraires et l’analyse architecturale...
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Les textes littéraires et l’analyse architecturale...
Il
est étonnant à l’heure de l’analyse urbaine ou architecturale de se
rendre compte que les littéraires (en général) ont une capacité
impressionante à analyser l’environnement dans lequel ils vivent. On
peut détecter dans leurs textes plusieurs termes qui trahissent une
certaine perspicacité dans la lecture de l’espace, l’environnement. Le
texte qui suit est celui d’une dame qui a vécu à Alger (ou qui y vit
toujours). Il nous révèle plusieurs concepts et plusieurs idées allant
dans ce sens. Il est demandé à l’étudiant de lire le texte tout en
prêtant une petite attention aux termes mis en gras. Voici le texte :
"Quand je regarde par ma fenêtre, je peux ressentir le calme et la sérénité à travers le paysage : des champs, en apparence vierges de toute construction et des troupeaux de moutons broutant l’herbe verte des plaines algéroises. Mais derrière cette impression de calme et de paix,
se cache une Algérie qui se reconstruit : je peux voir à l’horizon une
lisière de bâtiments inachevés marquant la renaissance d’une Algérie
qui se remet peu à peu du cauchemar, du microbe qui la rongeait encore
il y a quelques années. Contagieux comme la peste, mortel comme le
cancer, il ronge de l’intérieur. Tout petit à la naissance, il se
propage peu à peu et s’infiltre dans toutes les couches de la société
et, telle une épidémie, il contamine de plus en plus de monde.
Mais qu’en est-il d’Alger qui a bercé mon enfance ? Quand je me promène dans ses rues sales et poussiéreuses,
je perçois une lueur d’espoir, celle de la vie. On aurait cru l’Algérie
morte. Pourtant, il restait quelque part au fond d’elle une énergie.
Alors comment décrire Alger de ma fenêtre ? Bruyante, sale, poussiéreuse et pourtant si belle et si douce à mes yeux. Elle est resplendissante.
Le coucher du soleil inonde de beauté sa baie. La mer qui la cerne
semble recueillir le sang et les larmes versés par les Algérois pendant
tant d’années. Les montagnes enneigées de Chréa dont j’ai longtemps été
privée se déploient majestueusement sur la capitale comme pour la
protéger. Chréa gardienne éternelle d’Alger, temple de souvenirs joyeux
de la génération de nos parents, se rétablit à peine du virus qui l’a
minée."
L’analyse est avant tout subjective
La première leçon à tirer de ce texte est que la
lecture de l’environnement est avant tout une vision personnelle, donc
subjective. Si elle peut être la même chez un groupe social, elle va
forcément différer chez un autre. Les Français en occupant Alger en
1830 ne l’avaient-ils pas trouvé moche. C’est la raison pour laquelle
on a mis en gras le terme ’à mes yeux’ .
Aussi, c’est pour cette raison que l’étudiant est encouragé à se fier à
sa lecture personnelle des objets qui l’entourent, de l’environnement
qui l’enveloppe.
Il faut signaler toutefois un point :
Le fait de se fier à ses réflexions, aux concepts auxquels on peut
penser lors de l’analyse paysagistique, architecturale ou autre, ne
veut en aucun cas signifier que l’analyse est démunie de tout sens
objectif ou scientifique. On l’a mentionné auparavant ; bien que la
perception soit personnelle elle peut être la même chez plusieurs
personnes. L’étude de la perception de la couleur nous l’a démontré. En
Chine, la couleur rouge est synonyme de calme, alors qu’en occident cette couleur peut évoquer l’agressivité. Des exceptions, cependant peuvent émaner de part et d’autre. En d’autres termes, il ne faut pas "abuser" de la subjectivité. [1]
Deuxième enseignement du texte : le paysage peut transmettre une sensation de calme et de sérénité.
Le deuxième point soulevé dans ce texte concerne les
sensations de calme et sérénité ainsi que de paix qui sont transmises
par le paysage algérois. L’auteur ici fait une première lecture(lorsqu’il
évoque le calme). Mais il donne aussi, la réponse c’est à dire la
raison pour laquelle il perçoit (ou sent) cette sensation. Il évoque
dans le paragraphe suivant la couleur verte
de l’herbe broutée par les moutons. Il explique ainsi "le pourquoi" de
ce sentiment postif de paix. On le sait, cette couleur évoque en nous
la quiétude et la paix. Mais en plus de cette raison on peut invoquer,
d’un autre côté une deuxième raison. Elle ne figure pas dans le texte,
mais dans la photo qu’on a annexée au texte. On observant bien, on
pourra confirmer que l’image transmet beaucoup de sérénité, celle mentionnée par l’auteur. Mais on peut noter aussi que l’horizontalité y figure (bien que la perspective tend à atténuer cet effet).
Trisième enseignement est celui qui qui concerne l’ambiguïté de la lecture de la donne urbaine. Bien que sale et poussiéreuse la ville est douce et belle. L’auteur nous donne des éléments de réponse. Il a évoqué l’énergie de la ville qui se trouve au fond d’elle. On retrouve ici la reflexion de Rem Koolhaas qui évoque la beauté du cadavre excquis de Baudelaire.
Bref, l’énergie, qui a en général une connotation positive, est celle
qui fait que la poussiére et la saleté n’altèrent en rien la beauté de
cette ville millénaire.
Bref, on dira pour conclure que l’observation est la clef de toute analyse.
Notes
[1]
En plus, il faut imprégner le discours analytique de logique
scientifique. C’est ce qui fait que l’on enseigne l’architecture à
l’université. Ainsi, à notre sens, on peut éviter les "contradictions".
est étonnant à l’heure de l’analyse urbaine ou architecturale de se
rendre compte que les littéraires (en général) ont une capacité
impressionante à analyser l’environnement dans lequel ils vivent. On
peut détecter dans leurs textes plusieurs termes qui trahissent une
certaine perspicacité dans la lecture de l’espace, l’environnement. Le
texte qui suit est celui d’une dame qui a vécu à Alger (ou qui y vit
toujours). Il nous révèle plusieurs concepts et plusieurs idées allant
dans ce sens. Il est demandé à l’étudiant de lire le texte tout en
prêtant une petite attention aux termes mis en gras. Voici le texte :
"Quand je regarde par ma fenêtre, je peux ressentir le calme et la sérénité à travers le paysage : des champs, en apparence vierges de toute construction et des troupeaux de moutons broutant l’herbe verte des plaines algéroises. Mais derrière cette impression de calme et de paix,
se cache une Algérie qui se reconstruit : je peux voir à l’horizon une
lisière de bâtiments inachevés marquant la renaissance d’une Algérie
qui se remet peu à peu du cauchemar, du microbe qui la rongeait encore
il y a quelques années. Contagieux comme la peste, mortel comme le
cancer, il ronge de l’intérieur. Tout petit à la naissance, il se
propage peu à peu et s’infiltre dans toutes les couches de la société
et, telle une épidémie, il contamine de plus en plus de monde.
Mais qu’en est-il d’Alger qui a bercé mon enfance ? Quand je me promène dans ses rues sales et poussiéreuses,
je perçois une lueur d’espoir, celle de la vie. On aurait cru l’Algérie
morte. Pourtant, il restait quelque part au fond d’elle une énergie.
Alors comment décrire Alger de ma fenêtre ? Bruyante, sale, poussiéreuse et pourtant si belle et si douce à mes yeux. Elle est resplendissante.
Le coucher du soleil inonde de beauté sa baie. La mer qui la cerne
semble recueillir le sang et les larmes versés par les Algérois pendant
tant d’années. Les montagnes enneigées de Chréa dont j’ai longtemps été
privée se déploient majestueusement sur la capitale comme pour la
protéger. Chréa gardienne éternelle d’Alger, temple de souvenirs joyeux
de la génération de nos parents, se rétablit à peine du virus qui l’a
minée."
L’analyse est avant tout subjective
La première leçon à tirer de ce texte est que la
lecture de l’environnement est avant tout une vision personnelle, donc
subjective. Si elle peut être la même chez un groupe social, elle va
forcément différer chez un autre. Les Français en occupant Alger en
1830 ne l’avaient-ils pas trouvé moche. C’est la raison pour laquelle
on a mis en gras le terme ’à mes yeux’ .
Aussi, c’est pour cette raison que l’étudiant est encouragé à se fier à
sa lecture personnelle des objets qui l’entourent, de l’environnement
qui l’enveloppe.
Il faut signaler toutefois un point :
Le fait de se fier à ses réflexions, aux concepts auxquels on peut
penser lors de l’analyse paysagistique, architecturale ou autre, ne
veut en aucun cas signifier que l’analyse est démunie de tout sens
objectif ou scientifique. On l’a mentionné auparavant ; bien que la
perception soit personnelle elle peut être la même chez plusieurs
personnes. L’étude de la perception de la couleur nous l’a démontré. En
Chine, la couleur rouge est synonyme de calme, alors qu’en occident cette couleur peut évoquer l’agressivité. Des exceptions, cependant peuvent émaner de part et d’autre. En d’autres termes, il ne faut pas "abuser" de la subjectivité. [1]
Deuxième enseignement du texte : le paysage peut transmettre une sensation de calme et de sérénité.
Le deuxième point soulevé dans ce texte concerne les
sensations de calme et sérénité ainsi que de paix qui sont transmises
par le paysage algérois. L’auteur ici fait une première lecture(lorsqu’il
évoque le calme). Mais il donne aussi, la réponse c’est à dire la
raison pour laquelle il perçoit (ou sent) cette sensation. Il évoque
dans le paragraphe suivant la couleur verte
de l’herbe broutée par les moutons. Il explique ainsi "le pourquoi" de
ce sentiment postif de paix. On le sait, cette couleur évoque en nous
la quiétude et la paix. Mais en plus de cette raison on peut invoquer,
d’un autre côté une deuxième raison. Elle ne figure pas dans le texte,
mais dans la photo qu’on a annexée au texte. On observant bien, on
pourra confirmer que l’image transmet beaucoup de sérénité, celle mentionnée par l’auteur. Mais on peut noter aussi que l’horizontalité y figure (bien que la perspective tend à atténuer cet effet).
Trisième enseignement est celui qui qui concerne l’ambiguïté de la lecture de la donne urbaine. Bien que sale et poussiéreuse la ville est douce et belle. L’auteur nous donne des éléments de réponse. Il a évoqué l’énergie de la ville qui se trouve au fond d’elle. On retrouve ici la reflexion de Rem Koolhaas qui évoque la beauté du cadavre excquis de Baudelaire.
Bref, l’énergie, qui a en général une connotation positive, est celle
qui fait que la poussiére et la saleté n’altèrent en rien la beauté de
cette ville millénaire.
Bref, on dira pour conclure que l’observation est la clef de toute analyse.
Notes
[1]
En plus, il faut imprégner le discours analytique de logique
scientifique. C’est ce qui fait que l’on enseigne l’architecture à
l’université. Ainsi, à notre sens, on peut éviter les "contradictions".
Re: Les textes littéraires et l’analyse architecturale...
merci pr l'analyse , elle est trés intéressante
fatiha- Nouveau Membre
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