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Mystères d’un langage

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Message par hm hitman Ven 3 Oct - 15:40

Dans son Histoire du Livre (1), Albert Labarre souligne que « l’apparition
du livre est liée aux supports de l’écriture ». Parmi ces supports,
précise-t-il, « le plus ancien semble être la pierre, depuis les
pictographies rupestres jusqu’aux stèles et inscriptions de l’ancien
Orient et de l’antiquité classique (…) ». L’étude de ces « textes »,
revêtant une valeur documentaire évidente, a suscité la discipline de
l’épigraphie qui, en étudiant les textes présents sur des matières
imputrescibles, a permis d’explorer des univers artistico-culturels
inconnus jusqu’ici... Dans le cas de l’Algérie, l’immense plateau du
Tassili N’Ajjer est à ce jour, entre autres sites, le témoin précieux
d’un monde ancestral à travers les formes anciennes d’un discours
émotionnel « artistico-littéraire ». En effet, ses parois rocheuses
abondent d’éléments de la communication artistique et spirituelle que
constitue l’art protohistorique. Ce majestueux musée préhistorique, à
ciel ouvert, comme le qualifia Henri Lhote, en découvrant ses
innombrables gravures rupestres, motifs constellés et fresques
diverses, exprime à sa manière, en un riche langage iconographique,
hautement coloré et élaboré, toute la panoplie des croyances,
préoccupations, modes de vie et de pensée de ses créateurs, nous
suggérant leur univers concret mais aussi émotionnel et spirituel.
Comme le souligne Julia Kristeva, à propos du graphisme primitif en
général, cet art pariétal est incontestablement porteur de sens
langagier. Sa réflexion sur ce plan est si importante qu’elle mérite
cette longue citation : « (…) Pour nous, sujets appartenant à une zone
culturelle dans laquelle l’écriture est phonétique et reproduit à la
lettre le langage phonétique, il est difficile d’imaginer qu’un type de
langage - une écriture - ait pu exister et existe aujourd’hui pour de
nombreux peuples, qui fonctionne indépendamment de la chaîne parlée,
qui soit par conséquent non pas linéaire (comme l’est l’émission de la
voix), mais spatiale et qui enregistre ainsi un dispositif de
différences où chaque marque obtient une valeur d’après sa place dans
l’ensemble tracé. Ainsi, dans les grottes de Lascaux, on peut remarquer
les rapports topographiques constants entre les figures des animaux
représentés (…) D’après Leroi-Gourhan : « Une part importante de l’art
figuré relève de la picto-idéographie, manière synthétique de marquage
qui, tout en représentant des images (latin : pictus, peint,
représenté), transmet une conceptualisation ou plutôt une
différenciation et une systématisation irreprésentables (idée). Ce type
d’écriture n’est pas une simple transposition du phonétisme et peut
être même construit de façon tout à fait indépendante de lui, mais elle
ne constitue pas moins un langage » (…). De tels dispositifs spatiaux
semblent constituer le support graphique matériel, et par conséquent
durable et transmissible, de tout un système mythique ou cosmique
propre à une société donnée, on pourrait dire que ces graphismes,
mi-écriture, mi-représentation « artistique », magique ou religieuse,
sont des « mythogrammes ». D’autre part « la multi dimensionnalité » de
ces graphismes s’observe dans nombre d’écritures non alphabétiques,
comme en Egypte, en Chine, chez les Aztèques ou les Mayas. Les éléments
de ces écritures (…) peuvent être considérés comme des pictogrammes ou
des idéogrammes simplifiés, dont certains obtiennent une valeur
phonétique constante (….). Telle est l’écriture hiéroglyphique
égyptienne, dans laquelle chaque pictogramme a une portée phonétique
(…) » (2) On peut citer également en guise d’exemple de ces « écritures
ancestrales », celle des Australiens Churingas qui traçaient de façon
abstraite le corps de leurs ancêtres et leurs divers environnements.
D’autres trouvailles paléontologiques confirment la thèse selon
laquelle les premières écritures marquaient le rythme et non la forme
d’un processus où s’engendre la symbolisation, sans devenir pour autant
une représentation. Autrement dit, ces « représentations humaines » qui
perdent leur caractère réaliste et deviennent « abstraites »,
construites à l’aide de figures géométriques de base (triangles,
carrés, lignes, points…), comme sur les parois du Tassili ou des
grottes de Lascaux, constituent l’ébauche d’un langage iconographique
pré-structuré. Abondant dans ce sens, le chercheur suédois en arts
dramaturgiques, George Cristea, écrira à propos des gravures rupestres
du Tassili : « Chaque rocher gravé et chaque paroi de grès peinte
représente une page d’un ouvrage où des maîtres de la préhistoire
inconnus ont inscrit, en l’absence de l’alphabet, par des images, la
chronique souvent bouleversante de leur vie quotidienne » (3). Ce qui
semble évident, c’est l’utilisation de ces images, motifs, signes et
figures symboliques, comme éléments langagiers, voire supports
pédagogiques, servant à des cérémonies de chasse (pratique de la
simulation tel qu’on simule de nos jours une action virtuelle sur un
ordinateur ?) ou à des rituels religieux, ou des initiations
éducatives, y compris sexuelles, comme le suggère la présence de points
de scarifications sur des figures féminines (site de Aourent). D’autres
corpus de motifs suggèrent des cérémonies magiques ou même des
festivités organisées de mains de maître, à la manière de grands
spectacles


Chorégraphiques modernes !


Nous disposons probablement d’un exemple similaire de
ces peintures rupestres dans le Wezda du Zimbabwe, à propos desquelles
la chercheuse Jacqueline Roumeguere-Eberhardt note : « (…) Les animaux
si abondants sur cette paroi représentent les groupes totémiques et la
morphologie, connotant tous les grands événements historiques tels que
batailles, alliances (véritable apprentissage de récits d’événements à
lire…) à travers cette sténographie symbolique, support d’un savoir
détenu par les gardiens des traditions et que possède également
l’instructeur spécialisé dans l’enseignement de cette histoire » (4).

Une forme d’écriture



Cette analyse semble confirmer que le graphisme imagé,
ou les motifs, figures ou toutes autres formes d’expression symbolique
ou idéographique, étaient utilisés dès l’aube de l’humanité, lors des
cérémonies d’initiations dans les sanctuaires consacrés, à des fins
pédagogiques, socio-rituelles, magico-religieuses, etc. On pourrait
également rapprocher de la forme d’écriture tassilienne, l’écriture
africaine ancestrale « n’sibidi » ou celle aztèque des Mayas ou encore
d’autres formes hiéroglyphiques surgies par la suite qui narraient le
vécu complexe de nos ancêtres « primordiaux » (convient-il de dire et
non pas primitifs, car ayant été les grands initiateurs de la
civilisation souvent ignorés), tout comme on pourrait évoquer le legs
culturel de ce langage séculaire du tatouage corporel qu’on retrouve un
peu partout à travers le globe et dont les signes ou motifs singuliers
identificatoires, picotés sur les corps, témoignaient vraisemblablement
du symbole totémique d’appartenance tribale, clanique, patrilinéaire ou
matrilinéaire… Ainsi, le motif-signe servait de la sorte de moyen de
repère et d’identification, de balisage du tissu social, c’est-à-dire
de moyen langagier ouvert éventuellement à d’autres formes d’expression
et de communication. « Bien avant l’apparition de l’écriture, l’art
visuel véhiculait la mémoire de l’homme ; et il en est toujours le
dépositaire », écrit Emmanuel Anati, (un des meilleurs spécialistes
mondiaux dans ce domaine), dans un récent ouvrage consacré aux origines
de l’art. (5) Cet auteur observe, par ailleurs, que l’art qui
préexistait à l’apparition de l’écriture a engendré celle-ci, puis a
accompagné les développements du langage et de la technique jusqu’à nos
jours. Et il en conclut que « l’art révèle l’essence des processus
cognitifs de l’esprit humain. Le comprendre, c’est comprendre la
société qui l’a produit, et plus encore l’homme ». C’est à partir de
trois catégories de signes repérés dans les arts abstraits et
figuratifs de l’homme préhistorique et tribal - les pictogrammes, les
idéogrammes et les psycho-grammes - que les scientifiques décryptent
généralement ces « processus cognitifs ».


Sexe, espace et aliments


Les thèmes les plus souvent privilégiés dans ces modes
d’expression qu’on retrouve un peu partout à travers les sites de
gravures rupestres du globe, concernent les préoccupations liées à la
nourriture, au territoire et à la sexualité. Ces représentations
véhiculent incontestablement des « messages », nous dit Annati et, en
plus des préoccupations matérielles, des « révélations spirituelles »
comme le témoignerait, vraisemblablement la grotte de Lascaux que
d’aucuns ont qualifiée de « chapelle Sixtine de la préhistoire » où les
détails témoignant de l’existence d’une riche mythologie du plateau du
Tassili N’Ajjer d’Algérie. Notons également ce qu’écrit Albert Labarre
à propos des origines du livre, en rappelant notamment que c’est
seulement « entre le IVe et le IXe millénaires avant notre ère que
l’écriture s’est constituée. On peut considérer comme une démarche
préliminaire l’art rupestre des hommes de l’époque glaciaire, dans
lequel l’image devient peu à peu signe de la schématisation. Puis cette
image-signe évolue ; de la pictographie naissent tous les vieux
systèmes d’écriture : cunéiformes sumériens, puis mésopotamiens,
hiéroglyphes égyptiens, créto-minoens, hittites, caractères chinois :
c’est le stade des idéogrammes où les représentations ne suggèrent plus
seulement des objets, mais aussi des idées abstraites. Dans une étape
postérieure, l’écriture s’accorde peu à peu au langage pour aboutir aux
signes phonétiques qui sont des symboles de sons : il y a d’abord les
systèmes où chaque son correspond à un signe (aux Indes par exemple),
puis des systèmes syllabiques, enfin des écritures consonantiques qui
se développent à travers le Moyen-Orient pour aboutir à l’alphabet, en
Phénicie, peut-être dès le XVIe ou le XVe siècles avant J-C. Au IXe
siècle avant J-C, les Grecs adoptent l’alphabet phénicien, y ajoutent
les voyelles et ordonnent l’écriture de la gauche vers la droite :
c’est de cet alphabet que sont issus l’alphabet latin et les alphabets
modernes » (déjà cité). Cette « écriture pictographique » reflétait
ainsi, à sa façon, selon son mode d’expression spécifique recourant au
signe iconographique, pictographique ou idéographique, divers aspects
du vécu de nos ancêtres dont des recherches suivies permettront, un
jour peut-être, de dévoiler l’extraordinaire richesse enfouie en ce
vaste patrimoine culturel et artistique préhistorique, notamment le
symbolisme ayant trait au totémisme qui y prévalait comme le laissent
suggérer nombre de figures pariétales. Ce qui permettra également de
mieux identifier les premiers ancêtres. Ceux-ci seraient d’aspect
négroïde, selon les anthropologues ou la préhistorienne algérienne
Malika Hachid dont les recherches méritoires évoquent ces héros
civilisateurs du Maghreb d’origine subsaharienne, issus d’une brillante
civilisation africaine au Sahara, 5000 ans avant les pyramides ! A ces
autochtones négroïdes primordiaux, attestés par des scientifiques, ont
succédé les Berbères, et c’est surtout avec ces derniers que le Maghreb
est entré dans l’histoire, dans la grande épopée du monde antique,
médiéval et au-delà, pour voir se féconder l’africanité, l’amazighité,
l’arabité, l’islamité et la méditerranéité, paramètres identitaires
constitutifs de l’algérianité.


Mohamed Ghriss, El WatanMystères d’un langage T (01 mars 2007)

Références


Mystères d’un langage L8xH11_puce-68c92 (1) Histoire du Livre. Ed. PUF, collection Que sais-je ? Paris 1970. Ed. Dahlab, Alger 1994.

Mystères d’un langage L8xH11_puce-68c92 (2) Le langage cet inconnu. Julia Kristeva. Ed. Seuil, Paris 1974.

Mystères d’un langage L8xH11_puce-68c92 (3) Eléments de manifestation dramatiques dans le Sahara mésolithique et néolithique. Editions ILVE, Université d’Oran, 1990.

Mystères d’un langage L8xH11_puce-68c92 (4) Le signe du début de Zimbabwe. Ed. Publisud, Paris 1980.

Mystères d’un langage L8xH11_puce-68c92 (5) Aux origines de l’art. Ed. Fayard, Paris 2004.
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Message par big boss Sam 11 Oct - 15:16

tres bon travail ,bon courage
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Message par Archi-mina Sam 11 Oct - 15:28

Merci HM
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Message par bilal20 Lun 3 Nov - 9:45

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Message par chimbou Sam 15 Nov - 7:47

merci
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Message par archistar09 Jeu 25 Déc - 10:59

merci
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Message par mohicho27 Dim 15 Mar - 15:54

gracias
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Message par jwairia Lun 16 Mar - 14:10

merci 05
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Message par boubou Jeu 17 Sep - 13:45

merciiii bb continuation
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