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Claude Nicolas LEDOUX (1736-1806)

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Message par big boss Lun 20 Oct - 9:00

Claude Nicolas LEDOUX

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Architecte visionnaire, grand constructeur, urbaniste et dessinateur, philosophe et poète de la théorie architecturale, Ledoux domine la scène artistique française, de la fin du règne de Louis XV à 1804 – date de la parution de son livre : L’Architecture considérée sous le rapport de l’art, des mœurs et de la législation.

S’il faut un génie à l’architecture de l’époque de Goethe, David, Mozart ou Beethoven, la personnalité de Ledoux s’impose en Europe comme aucune autre par l’originalité, la variété, la puissance et l’universalité de ses conceptions ; par l’ampleur inégalée, aussi, de l’œuvre construit qui touche tous les genres de bâtiments. La destruction des trois quarts de ceux-ci et l’oubli par lequel le XIXe siècle manifesta son mépris pour l’art du siècle des Lumières expliquent la redécouverte assez récente de l’architecture de Ledoux. Entre 1930 et 1970, bien des approximations et des malentendus, suscités par une lecture moderniste de son livre « testament », entretinrent le mythe de l’« artiste maudit », de l’« architecte révolutionnaire » victime de l’incompréhension de ses contemporains. L’historiographie actuelle de l’art néo-classique prouve, au contraire, que l’œuvre de Ledoux, pure conséquence de la pensée encyclopédique et de la sensibilité moralisante et sensualiste du XVIIIe siècle, fut fort bien compris et admiré des édiles et de l’intelligentsia de son temps.



1. Le constructeur prolifique

Né à Dormans en Champagne, boursier d’un des plus célèbres établissements d’enseignement secondaire de la capitale, le collège de Beauvais, Ledoux eut une carrière essentiellement parisienne dont les prolongements en province furent considérables ou prometteurs. Doué d’une imagination exaltée, d’une ténacité et d’un enthousiasme communicatifs, il se plaira, dans sa vie d’artiste, à valoriser sa formation littéraire, sa curiosité philosophique et son sens politique. L’amitié des poètes bucoliques Delille et Saint-Lambert, ses relations avec les physiocrates, avec certains nobles réformistes et financiers de haut rang, comme ses affinités avec les milieux de la musique, du théâtre et de la peinture, illustrent sa vocation encyclopédique et expliquent son ascension rapide dans une profession dont il fut le porte-parole auprès des mécènes et des pouvoirs publics.

Formé au dessin et à la gravure dans l’atelier d’un auteur d’estampes à sujets guerriers et héroïques, Ledoux découvrit la théorie de l’architecture à l’école de J. F. Blondel. Cette éducation, commune à la plupart des grands architectes de sa génération (De Wailly, Boullée, Chalgrin, Peyre, Brongniart, Chambers, parmi bien d’autres français ou étrangers), se poursuivit dans l’agence de Trouard, ancien lauréat de l’Académie, fortement imprégné de l’idéal piranésien à son retour de Rome (1758), et propagandiste dans l’architecture du « goût à la grecque », récemment mis à la mode dans les arts décoratifs. Saluée dans la presse pour son originalité, la première œuvre connue de Ledoux est le somptueux décor de lambris sculptés du café Militaire (1762, aujourd’hui conservé au musée Carnavalet). Elle témoigne d’emblée de son goût pour l’iconographie narrative et de son aptitude à traiter tous les programmes, fussent-ils modestes, avec une monumentalité théâtrale et pittoresque. Très épurée par la suite, cette tendance iconographique deviendra une des marques essentielles de son style, une des données fondamentales de sa théorie.

Nommé en 1764 architecte-ingénieur des Eaux et Forêts, Ledoux se partagea durant une dizaine d’années entre ses chantiers de province et une clientèle parisienne qui célébrait avec ostentation les bienfaits de la paix de Paris de 1763 en s’installant dans de somptueux hôtels. L’idéologie ledolcienne, transmise plus tard par le livre de 1804, s’attachait déjà à promouvoir cet équilibre idéal entre, d’une part, l’activité privée de l’architecte mondain au service de la noblesse et du pouvoir de l’argent et, d’autre part, les devoirs civiques de l’homme de l’art, responsable de l’aménagement du territoire sous l’autorité de l’État. Aux travaux modestes du début, ponts, églises de villages ou décor religieux (chœur de la cathédrale d’Auxerre, 1764) en Bourgogne et en Champagne, s’ajoutèrent bientôt de superbes demeures, édifiées entre 1763 et 1773 : parmi les plus célèbres, les hôtels d’Hallwyl, de Montmorency, d’Uzès, de Mlle Guimard, de Mlle de Saint-Germain, le pavillon Tabary, le pavillon de Mme du Barry à Louveciennes, les châteaux de Benouville (Calvados) et de Maupertuis (Seine-et-Marne), les écuries de l’hôtel des Équipages à Versailles...

Nommé inspecteur des Salines de Lorraine et de Franche-Comté (1771), puis architecte de la Ferme générale (1773), Ledoux agrandit son rayon d’action à d’autres provinces où il connut son heure de gloire à la tête d’immenses chantiers. Le plus extraordinaire reste celui de la Saline royale d’Arc-et-Senans dans le Doubs (1774-1779) : la première usine « noblement » architecturée de l’époque moderne ! Suivirent : le grenier à sel de Compiègne (1775), le théâtre de Besançon (1776-1784), le palais de justice et les prisons d’Aix-en-Provence (premier projet 1776, fondations 1786, chantier arrêté en 1792, abandonné en 1802). Une clientèle de fermiers généraux, de banquiers anoblis et d’hommes d’affaires, à la suite de l’aristocratie militaire qui favorisa ses débuts, mit à profit alors les talents d’un artiste bien en cour et devenu très à la mode. Ledoux participa ainsi à l’urbanisme paysager des quartiers nord-ouest de Paris sous le règne de Louis XVI, au Faubourg-Poissonnière et à la Chaussée-d’Antin, où il éleva notamment l’hôtel Thélusson (1781), dans des formes à l’antique théâtralisées au cœur d’un jardin anglo-chinois miniature, et les fameuses maisons Hosten (1792), rare témoignage de son activité de constructeur privé durant la Révolution.

Le dernier chantier que Ledoux dirigea pour les pouvoirs publics est celui du mur d’enceinte des fermiers généraux (1785-1790), ponctué de cinquante-cinq barrières ou plutôt pavillons d’octroi, simples ou jumeaux, qui signalèrent jusqu’au milieu du XIXe siècle les portes de Paris . Tous différents, conçus avec une monumentalité massive, parfois somptueuse, ils devaient symboliser, à travers l’image des propylées grecs, l’adhésion civique des contribuables à l’autorité des édiles d’une capitale « policée ». L’esthétique, en l’occurrence fort coûteuse, et l’idéal utopique de l’architecte se heurtèrent de front à la Révolution. Désavoué par Louis XVI, définitivement dessaisi du chantier en 1789, Ledoux vit avec dépit ses dernières barrières achevées, et parfois simplifiées, par ses confrères J. D. Antoine et J.A. Raymond. L’artiste, engagé dans le courant moralisateur de l’art, également défendu ou illustré par Diderot, Greuze et David, définissait ainsi l’objectif politico-social de l’architecture : « Si l’exemple des vertus avance plus les progrès de tous les élans que le plus beau dialogue, les monuments qui les consacrent frappent davantage la classe laborieuse qui n’a pas le temps de lire. »
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Message par big boss Lun 20 Oct - 9:00

2. Éthique sociale et architecture parlante

Peu familiers des mœurs de l’Ancien Régime, nous pourrions trouver aujourd’hui la carrière de Ledoux paradoxale, en opposant le courtisan, l’artiste à la mode couronné de succès dans de nombreux chantiers, à l’architecte-philosophe intransigeant, génie bafoué dans plusieurs réalisations réduites ou avortées. Un tel jugement conviendrait mal à l’activité et à l’art de Ledoux : c’est bien sa double réussite, professionnelle et sociale, qui confortait son art à s’épanouir aussi dans l’imaginaire et qui, matériellement, lui permit de subvenir à ses exigences de théoricien et d’écrivain imagier de l’architecture, dans leurs rapports avec l’éthique sociale et la liberté créatrice individuelle. C’est à son compte qu’il fit graver les centaines d’estampes de son œuvre et qu’il les publia dans une édition luxueuse. La réussite exemplaire de l’artiste est aussi concrètement affirmée par les lettres de noblesse qu’il s’apprêtait à recevoir à la veille de la Révolution. Mme du Barry, Trudaine, d’Angiviller, Necker, Calonne, l’intendant Lacorée avaient été ses protecteurs les plus puissants et fidèles. Architecte du roi en 1773 grâce à son élection à l’Académie royale d’architecture, il avait bénéficié de la confiance personnelle de Louis XV et du soutien des ministres éclairés de Louis XVI, avant de connaître la disgrâce en 1789 (avec l’affaire des propylées), l’emprisonnement en 1794-1795 « pour aristocratie », et l’inaction sous le Directoire et le début de l’Empire. Mais cette retraite involontaire lui donna le loisir de composer le plan et d’écrire le texte du vaste ouvrage dont il publia, deux ans avant sa mort en 1806, un seul volume sur les cinq annoncés : L’Architecture considérée sous le rapport de l’art, des mœurs et de la législation. Ledoux avait fait travailler, durant une trentaine d’années, les meilleurs graveurs d’architecture à cette entreprise considérable. Un second tome posthume, sans texte (éd. de D. Ramée, 1847), fit connaître les gravures inédites recueillies par ses héritiers, témoignage hélas ! incompris de son œuvre édifié et rêvé.

La disparition des trois quarts des bâtiments de Ledoux entretint donc longtemps l’ambiguïté entre l’utopie et la réalité dans l’approche de son art ; ambiguïté qui s’explique aussi par sa production graphique qui lègue elle-même à la postérité une image souvent déformée de ses constructions. En effet, afin d’offrir des modèles et avec le souci d’enseigner aux jeunes artistes (« Enfants d’Apollon », comme il les nomme) les ressorts de l’imagination, Ledoux n’hésita pas à idéaliser les formes géométriques et la structure apparente de ses édifices. La théorie de l’architecture parlante, qu’il partage avec ses confrères Boullée et Le Camus de Mézières, notamment, tient ses origines d’une extrapolation des théories de l’abbé Laugier (l’auteur de L’Essai sur l’architecture, 1753, et des Observations sur l’architecture, 1765) et d’une transposition de l’analyse sensualiste de Locke et de Condillac.

« Les hommes pompent avec les yeux les vertus et les vices », affirme Ledoux ; illustrant sa théorie morale des sensations, et particulièrement de la vue qu’il place au premier rang des sens, Ledoux dessina une gravure intitulée « Coup d’œil du théâtre de Besançon ». Dans le cercle que délimite l’iris (de l’œil de l’architecte, d’un spectateur, d’un comédien) apparaît la vue perspective de la salle de spectacle vide. Dans l’exaltation de ce qu’il nomme lui-même les « délires de [son] imagination », Ledoux composa un texte littéraire étonnant, lyrique jusqu’à l’emphase, métaphorique dans la meilleure tradition de l’épopée où intervient le Deus ex machina mythologique. Hymne à la création, à la catharsis architecturale, son livre n’est donc pas seulement un recueil d’informations sur son œuvre, réalisé ou projeté, ou un traité théorique. C’est une œuvre d’art, en soi, qui expose et raconte l’architecture ; une encyclopédie (il le dit) et une fable à la fois, destinées à l’éducation des artistes « initiés », c’est-à-dire doués d’une inspiration vertueuse. « Vous qui voulez devenir architecte, commencez par être peintre », écrit-il pour justifier l’esthétique du pittoresque qui transfigure, par l’évocation du clair-obscur et des pictogrammes stylisés, les métamorphoses du goût « à la grecque » de ses débuts dans l’art monumental. Sensible aux effets lumineux et aux contrastes vigoureux prônés par Piranèse, adepte de la forme singulière et des volumes autonomes inclus dans un système de variations thématiques empruntés à Palladio et aux palladiens anglais, Ledoux invente un style individuel qui transcende la théorie classique de l’imitation.

L’expressionnisme des volumes purs (cube, sphère, cône, cylindre, pyramide) et des ordres antiques réinterprétés (dorique grec trapu, fûts de colonnes à bossage géométrique) évoque les origines mythiques de l’architecture où s’affirme la double influence de la nature : nature humaine (c’est le caractère symbolique) et nature physique (le modèle des formes plastiques). Élargissant sa théorie à l’urbanisme, Ledoux présente son œuvre construit et projeté à l’appui d’un projet de ville idéale : la ville de Chaux – du nom de la forêt située à proximité d’Arc-et-Senans – qu’il développe autour de la Saline royale. S’y ajoutent des monuments utopiques consacrés à la sociabilité, comme l’Oïkéma (maison de plaisir), le Pacifère, le Temple de mémoire, etc. Sa conception utilitariste de la création architecturale est ainsi résumée, en contrepoint au titre déjà fort suggestif de son livre : La vérité dans les arts est un bien de tous ; c’est un tribut libéral que l’on offre à la société ; chercher à la découvrir est un droit qui appartient à tout le monde.
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Message par Hanan27 Sam 25 Oct - 13:28

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Message par big boss Lun 27 Oct - 8:55

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Message par mohicho27 Dim 15 Mar - 17:04

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Message par mohicho27 Dim 15 Mar - 17:05

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