Alvaro SIZA

Alvaro Siza Vieira est né en 1933 au Portugal à Matosinhos ; il est l’une des grandes figures de l’architecture contemporaine. De 1949 à 1955, il étudie à l’Eole supérieure des beaux-arts de Porto. Alors sous la direction de Carlos Ramos (1897-1969) et de Fernando Távora (né en 1923), l’établissement connaît une profonde rénovation qui amorce ce courant appelé par l’historien de l’architecture Kenneth Frampton le "régionalisme critique". En réaction à l’académisme d’inspiration nationale prôné par le régime de Salazar, il s’agissait de trouver le chemin d’un certain modernisme en puisant aux sources locales, aux techniques artisanales, et en revenant à la tradition des maisons populaires blanches et dépouillées.

Sensible aux paysages, à la topographie, aux agencements spatiaux, Alvaro Siza dans ses différentes réalisations poursuit une réflexion esthétique très élaborée. Il privilégie, notamment au début de sa carrière, un certain vernaculaire puis effectue un retour à un rationalisme très épuré, avant d’opter pour un large registre expressif d’un maniérisme raffiné. Subjective, poétique, souvent blanche, unitaire bien que très articulée, son architecture est de celles qui ont le plus systématiquement exploré les voies stylistiques ouvertes dans les années 1920 par l’abstraction. Mais elle le fait en plaçant les œuvres en situation, dans un long dialogue avec le site. Créateur assez imprévisible, sans doctrine très établie, inquiet et parfois douloureux, Siza se fraye une voie « à travers les conflits, les compromis, l’hybridation et la transformation ».

Superbement établies parmi les rochers de granit, deux de ses premières œuvres les plus marquantes sont situées à Leça de Palmeira au bord de l’Atlantique : le salon de thé Boa Nova (1958-1963) mêle l’influence d’Aalto à une touche de régionalisme ; la piscine de la plage (1961-1962) est d’une inspiration sensiblement plus brutaliste.

Alvaro Siza s’est brillamment illustré dans les petits édifices, dès ses premières réalisations de Matosinhos : quatre maisons (1954-1957) et la petite piscine Quinta da Conceicão (1958-1965). Durant toute sa carrière, il concevra des résidences privées. Parmi les plus remarquables, la maison basse au plan fracturé d’Alves Costa à Moledo do Minho (1964-1968), celle de Manuel Magalhães à Porto (1967-1970), d’un rationalisme précis et élégant, les irrégularités savantes de la maison Beires à Povoa do Varzim (1973-1976), pliée autour de la concavité d’une façade vitrée, les failles et la géométrie complexe de celle bâtie pour son frère autour d’une étroite courette à Santo Tirso (1976-1978), etc.

À une échelle à peine plus grande, il est l’auteur de plusieurs succursales de banques. Notamment celle de Pinto et Sotto Maior à Oliveira de Azemeis (1971-1974) qui, à un angle de rue, développe des mouvements courbes au subtil tracé régulateur, et à Lamego (1972-1974). Enfin celles de Borges e Irmão à Vila do Conde (1978-1980 et surtout 1982).

Après la révolution des Œillets d’avril 1974, la politique du S.A.A.L. qui vise à associer les mal-logés à une nouvelle politique d’habitat social lui vaut de construire les ensembles collectifs de Bouça et São Victor à Porto (1974-1977), disposés en bandes sur un mode rationaliste et répétitif, et surtout d’entreprendre en 1977 la vaste opération de Malagueira, ville nouvelle de 1 200 logements à la périphérie d’Evora, dans l’Alentejo. Suivant un plan général très fractionné, agencé dans un grand respect de la topographie, de petites maisons blanches à patio se serrent sur les pentes, le long de rues courtes et étroites, dans un rythme saccadé que renforce l’émergence régulière de leurs cheminées. De longs aqueducs de parpaings font circuler les réseaux techniques et donnent sa cohésion au paysage.

Appelé à l’étranger dès le milieu des années 1970, Alvaro Siza étudie des projets pour Berlin, notamment l’immeuble d’angle de la Schlessisches Tor (1980-1984), aux façades curvilignes, auquel la répétitivité monotone des fenêtres a valu d’être frappé en son fronton d’un graffiti, « bonjour tristesse », qui est devenu son sobriquet. À La Haye (1986-1988), il dessine la centaine de logements de Schilderswijk, en « lots traditionnels » à façades de brique, et dresse deux curieuses maisons dans le parc Van der Venne.

Lauréat du Pritzker Prize en 1992, sa notoriété lui vaut de nombreuses commandes ; il fait d’ailleurs figure d’architecte officiel dans son pays. Chargé de la reconstruction du quartier historique du Chiado à Lisbonne après l’incendie d’août 1988, il construit le pavillon portugais de l’Expo’98 de Lisbonne, immense dais de béton armé, très mince, suspendu comme une toile à deux larges portiques de pierre massive, dans une composition à la fois emphatique et aérienne.

On lui doit aussi des bâtiments publics organisés autour de galeries à portiques comme l’école normale de Setubal (1986-1993) et le rectorat d’Alicante (1995-1998), le centre artistique galicien sur les hauteurs de Saint-Jacques-de-Compostelle (1988-1993), le souple voile de brique de la bibliothèque universitaire d’Aveiro (1988-1995), la petite église Santa Maria de Marco de Canavezes (1990-1996) et la faculté d’architecture de Porto (1985-1993), prétexte à une expérimentation spatiale d’une grande virtuosité, à la fois savante et ironique. Disposé sur un coteau au bord du Douro, cet ensemble de pavillons qui semblent faire le guet de leur silhouette insolite (dans leur morphologie, leurs percements et leurs auvents en casquette) est caractéristique de la dimension poétique de sa démarche.

merci bcp

Bonjour,

J'ai un travail à faire sur le Musée d'Art contemporain de Serralves d'Alvaro Siza. Ton article m'intéresse beaucoup, est-ce que tu pourrais préciser tes sources pour ma bibliographie ?

Merci :)