Kunio MAEKAWA (1905-1986)
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Kunio MAEKAWA (1905-1986)
Kunio MAEKAWA
Kunio Maekawa (ou Mayekawa) figure parmi ce qu’il est convenu d’appeler les « pères » de l’architecture moderne au Japon. Il introduisit dans son pays qui les ignorait les nouveaux concepts de l’architecture occidentale, après avoir séjourné, de 1928 à 1930, à Paris, dans l’atelier de Le Corbusier.
Maekawa travailla pour Antonin Raymond (1890-1976), architecte américain d’origine tchèque qui s’était établi à Tokyo en 1921, après avoir assisté Frank Lloyd Wright pour la réalisation de l’Imperial Hotel. Raymond fut un des agents essentiels de la découverte par le Japon du nouveau style international. Il y construisit notamment, en 1923, la première maison en béton armé.
Maekawa ouvrit son agence personnelle en 1935. Il y développa une manière sobre, intransigeante, qui n’avait guère de références aux traditions nationales, mais dont le béton brut, les pilotis, les ossatures ne choquèrent guère, selon ses dires, le public japonais, grâce à certaines similitudes avec les ossatures de bois de l’architecture locale. Parmi ses collaborateurs, il compta Tange Kenzo, qui allait devenir l’architecte le plus célèbre du pays. C’est principalement après la guerre, époque qui vit l’occidentalisation rapide de la culture japonaise, que Maekawa s’imposa. Son œuvre est marquée par la recherche d’une constante expressivité sculpturale, l’emploi régulier de puissantes masses de béton armé (partiellement justifiées par les nécessités de la construction antisismique), une plastique souvent sévère, parfois brutale (le « brutalisme » était alors une valeur esthétique), néanmoins plus réservée, plus rationnelle, moins lyrique que celle de Tange Kenzo.
Les années 1950 virent mûrir sa production, dont on peut retenir les ensembles les plus significatifs : le petit immeuble de bureaux de la banque Sogoh à Tokyo (1953), la bibliothèque et la salle de concerts de Yokohama (1955), la maison internationale de Tokyo (conçue avec Sakakura et Yoshimura, 1955), le centre civique de Kyoto, le centre culturel Fukushima, le pavillon japonais à l’exposition de Bruxelles, l’immeuble de logements Harumi (1958), dont la monumentalité et la netteté volumétrique sonnaient comme un plaidoyer en faveur du modernisme et de la vie collective, enfin l’université Gakushuin à Tokyo (1960).
Créateur en 1955 du groupe Mido, avec une équipe de jeunes confrères, Maekawa Kunio développa une réflexion humaniste sur les rapports pouvant exister entre l’architecture et la démocratie. Il crut longtemps que l’architecture et l’urbanisme devaient contribuer à l’humanisation de la société moderne, aider au contrôle de son développement, et il chercha donc toujours à lier le contenu social et l’expression formelle. Maekawa attendait sans doute trop du modèle occidental ; assez désabusé, il se demandait, dans un essai publié en 1965, Pensées sur la civilisation en architecture, par quelle perversion de ses fins premières l’architecture moderne tendait parfois à une forme d’inhumanité. Constatant qu’une dégradation de l’éthique semblait accompagner la diffusion des standards de la société moderne, il hésitait à s’abandonner à la tentation d’un retour aux valeurs nationales et traditionnelles.
Maekawa continua d’animer son agence en construisant par exemple la tour de bureaux de la Marine and Fire Insurance Company (1974) ou le musée d’Art de la préfecture de Miyagi (1982), et participa peu avant sa mort au concours pour le nouvel hôtel de ville de Tokyo. Mais son œuvre majeure reste le centre culturel et l’auditorium du parc Ueno, à Tokyo, achevé en 1961, face au musée d’Art occidental de Le Corbusier, construit sur les esquisses du grand architecte par ses trois élèves japonais : Sakakura, Yoshizaka et Maekawa lui-même. L’ampleur de l’édifice, la majesté puissante de ses masses, le calme qui émane de son énorme toit en béton armé posé sur une succession régulière de piliers en retrait, la force de son parti plastique lui valurent une renommée internationale au début des années 1960, alors que l’on recherchait une volumétrie plus généreuse, après avoir momentanément épuisé le registre des formes orthogonales.
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