Henry-Jacques LE MÊME (1897-1997)

L’architecte Henry-Jacques Le Même est né à Nantes en 1897. Reçu au concours d’admission en 1917, il s’inscrit à Paris d’abord dans l’atelier Pascal-Recoura, où se regroupaient les étudiants nantais et suisses, puis chez Emmanuel Pontrémoli. En 1923, il remporte le concours Rougevin pour une piscine dans un hôtel particulier. Émile Jacques Ruhlmann, décorateur et créateur de meubles d’un raffinement extrême, lui demande alors de venir travailler chez lui. Le Même pourra ainsi s’exercer aux luxueuses subtilités des intérieurs parisiens des années 1920, apprenant ainsi la menuiserie moderne et le dessin grandeur nature qui favorise la conception. Il aura également l’occasion de travailler chez d’autres maîtres français, Pierre Patout en particulier pour l’Exposition de 1925.

Le Corbusier, dans le numéro 28 de L’Esprit nouveau (janv. 1925) consacré au Salon d’automne de 1924, évoquera la boutique des céramistes Fau et Guillard, œuvre de Le Même, insérée dans un ensemble urbain de Mallet-Stevens.

En janvier 1926, la baronne Maurice de Rothschild lui commande pour Megève une « ferme savoyarde » : les vieilles fermes étaient alors à la mode. Il étudie pour ce projet les maisons de Megève et de Combloux, auxquelles il emprunte le grand volume extérieur simple et harmonieux. À l’intérieur, il compose une demeure digne des hôtels particuliers de l’époque. Savoir reconnaître la culture de son temps et s’imprégner de l’esprit du lieu est la leçon donnée par Le Même. Comme Le Corbusier, il croit aux voitures, aux avions, mais aussi au Parthénon. Le chalet de la baronne de Rothschild est le premier des 1 013 dossiers ouverts par l’agence. Le Même vécut, travailla et mourut à Megève, où en 1929, il avait construit sa maison, un splendide cube rouge pompéien qui resplendit sur l’herbe verte ou dans la neige, inscrite à l’Inventaire des Monuments historiques, en juillet 1995.

En soixante ans de carrière se succédèrent des œuvres aussi différentes que le chalet de la princesse de Bourbon, des petits chalets d’à peine 50 mètres carrés au sol et des logements sociaux à Megève, mais aussi le palais du Bois de l’Exposition internationale des arts et des techniques de 1937 à Paris. Ce palais de 5 000 mètres cubes de bois fut construit en cinq mois, délai extrêmement court. Sa réussite lui vaudra le premier grand prix de l’Exposition internationale. Il gagna pour cette même Exposition le concours des pavillons de la Savoie pour lequel il reçut le deuxième grand prix.

À la fin des années 1920, il s’associe avec son vieil ami l’architecte Pol Abraham, nantais comme lui, de six ans son aîné, rencontré à l’atelier Pascal-Recoura, pour la réalisation des sanatoriums du plateau d’Assy à Passy (Haute-Savoie). Le projet du sanatorium de Plaine-Joux, qu’ils présentèrent en 1928 au Salon des artistes décorateurs, leur avait valu une renommée internationale. On peut encore admirer les sanatoriums de Guébriant (1932) et de Martel-de-Janville (1937), malgré quelques transformations qui sont heureusement réversibles.

En 1980, il reçoit encore la commande d’un « grand chalet » pour Marcel Dassault qui exigeait une façade de 70 mètres de longueur. Il fallut tout le talent de Le Même pour démontrer à l’avionneur que l’architecture ne résultait pas de la simple addition « d’un séjour et de chambres... » Il va ainsi soutenir l’impulsion donnée à Megève par les sports d’hiver et de bourgade prospère, celle-ci devint grâce à son architecture une station élégante. Il en inventa aussi le symbole : un triangle vert, un triangle blanc, sur un fond carré de ciel bleu.

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