Hassan FATHY (1900-1989)
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Hassan FATHY (1900-1989)
Hassan FATHY (1900-1989)
Personnalité paradoxale et controversée, tenue par les uns pour un véritable saint,
pour un gourou formant nombre de disciples dans le monde, dénoncé comme
illuminé mystique et rétrograde pour les autres, « Hassan Bey »
s’est intéressé très tôt, dès la fin des années 1930, aux traditions
indigènes de son pays, à l’authenticité culturelle du monde rural les
opposant aux désordres, à la corruption que lui paraissaient engendrer
les techniques et les modèles importés d’Occident. Il a développé une
vision poétique, presque bucolique des anciennes vertus paysannes du
monde islamique et cherché à faire de l’homme, considéré comme
participant intimement de la nature, le centre d’une architecture qui,
ainsi, retrouverait harmonie et sagesse.
La maison, ce refuge, cet univers privé où
s’épanouirait l’individualité, bien à l’abri de « cette avalanche qu’on
se plaît à appeler civilisation », constitue le centre d’une réflexion
que Fathy a tenté d’élargir à l’échelle du village à l’occasion
d’opérations aussi célèbres que malheureusement inabouties, comme celle
de Gourna, dont il tira un ouvrage, Construire avec le peuple (1969), qui devait connaître une diffusion universelle.
Dédié « aux paysans », le volume s’ouvre sur une description d’un « paradis perdu : la campagne »,
qu’il avait entrevu, enfant, par les fenêtres du train d’Alexandrie
mais qu’il ne découvrit véritablement qu’à vingt-sept ans. Dès 1937, et
bien qu’ayant été formé dans la tradition beaux-arts de l’École
polytechnique du Caire, Fathy exposa des gouaches de maisons
traditionnelles en briques de terre.
En 1941, alors que la guerre rendait coûteux le béton
armé, l’acier et même le bois de charpente, il découvrit dans la région
d’Assouan « une vision de l’architecture avant la
chute, avant que l’argent, l’industrie, l’envie et le snobisme ne
l’aient coupée de ses vraies racines dans la nature ». Il fut
frappé par l’extraordinaire technique des maçons nubiens qui leur
permettait de bâtir des voûtes de briques crues sans employer de
cintre, par des jeux d’assises successives, légèrement inclinées,
reposant à chaque fois sur la précédente avec un biais de plus en plus
marqué.
Fathy fit venir des maçons nubiens à Baltim, près du
Caire, pour achever une ferme qu’il construisait pour la Société royale
d’agriculture, puis à Gourna où, dans l’immédiat après-guerre, il avait
entrepris la réalisation d’un village destiné à reloger, en les
déplaçant de leur « terrain de fouille », les pilleurs des tombes
antiques ensevelies dans les collines qui s’étendent à l’ouest de
Louxor. Un unique maître maçon nubien y aurait formé, en un seul trimestre, près de cinquante personnes
à la construction en briques crues séchées au soleil. On commença par
les équipements publics, mosquée, khan, marché, théâtre (qui, laissé à
l’abandon, s’effondra partiellement avant d’être restauré en 1983),
école (qui fut détruite et remplacée par un bâtiment en béton). Une
centaine de familles seulement s’y établirent sur les neuf cents qu’on
attendait, et les reproches assaillirent Fathy, qu’on accusait
notamment de vouloir imposer des modes de vie archaïques à des populations qui ne le souhaitaient pas.
Le plan du village était à la fois rationnel et
pittoresque, fracturé, ménageant des vues brisées et des hiérarchies
d’espace. Le vocabulaire architectural était austère, se réduisant à
des formes simples qu’animaient seuls les percements et les proportions
variées et sobres des volumes. Le carré, couvert d’une coupole, le
rectangle voûté, l’alcôve à demi-coupoles, la cour close et la loggia
fortement ventilée resteront le modeste abécédaire de Hassan Fathy,
ancré dans la tradition la plus dépouillée et témoignant d’une dévotion
presque religieuse à l’égard du geste de l’homme qui, de ses propres
mains, recueille, sur le sol même où il va construire, la boue dont il
fera les murs de sa maison.
Fathy édifia un village rural pour le latifundiaire
Afifi-Pacha dans le delta du Nil (Lu‘Luat al-Sahara) puis une école à
Fares, suivie d’une seconde à Edfou en Haute-Égypte. Malgré, dit-on,
leur grand succès local, ces opérations suscitèrent une atmosphère
d’hostilité générale en Égypte qui contraignit l’architecte à quitter
son pays en 1957 pour rejoindre l’urbaniste Doxiadis à Athènes, où il
demeura jusqu’en 1962. À son retour, il réalisa un Centre de formation
pour le développement du désert qui souffrit de graves dommages à cause
d’infiltrations d’eau, ainsi qu’un nouveau village, celui de Baris,
dans l’oasis de Khargèh, à environ 200 kilomètres à l’ouest du Nil,
dont l’édification fut interrompue par la guerre israélo-arabe de 1967.
S’il connut alors une célébrité croissante, Hassan
Fathy avait échoué dans ses intentions sociales. La fondation Dar
al-Islam entreprise en 1981 à Abiquiu au Nouveau-Mexique, est sans
doute sa seule réussite dans une architecture répondant à des objectifs
communautaires. Le succès des résidences individuelles édifiées pour
des personnalités fortunées lui est d’ailleurs reproché comme la preuve
de l’irréalisme et peut-être du snobisme de ses positions. Hassan Fathy
n’en reste pas moins une des figures les plus impressionnantes et les
plus intègres de la pensée antimoderne en architecture.
Personnalité paradoxale et controversée, tenue par les uns pour un véritable saint,
pour un gourou formant nombre de disciples dans le monde, dénoncé comme
illuminé mystique et rétrograde pour les autres, « Hassan Bey »
s’est intéressé très tôt, dès la fin des années 1930, aux traditions
indigènes de son pays, à l’authenticité culturelle du monde rural les
opposant aux désordres, à la corruption que lui paraissaient engendrer
les techniques et les modèles importés d’Occident. Il a développé une
vision poétique, presque bucolique des anciennes vertus paysannes du
monde islamique et cherché à faire de l’homme, considéré comme
participant intimement de la nature, le centre d’une architecture qui,
ainsi, retrouverait harmonie et sagesse.
La maison, ce refuge, cet univers privé où
s’épanouirait l’individualité, bien à l’abri de « cette avalanche qu’on
se plaît à appeler civilisation », constitue le centre d’une réflexion
que Fathy a tenté d’élargir à l’échelle du village à l’occasion
d’opérations aussi célèbres que malheureusement inabouties, comme celle
de Gourna, dont il tira un ouvrage, Construire avec le peuple (1969), qui devait connaître une diffusion universelle.
Dédié « aux paysans », le volume s’ouvre sur une description d’un « paradis perdu : la campagne »,
qu’il avait entrevu, enfant, par les fenêtres du train d’Alexandrie
mais qu’il ne découvrit véritablement qu’à vingt-sept ans. Dès 1937, et
bien qu’ayant été formé dans la tradition beaux-arts de l’École
polytechnique du Caire, Fathy exposa des gouaches de maisons
traditionnelles en briques de terre.
En 1941, alors que la guerre rendait coûteux le béton
armé, l’acier et même le bois de charpente, il découvrit dans la région
d’Assouan « une vision de l’architecture avant la
chute, avant que l’argent, l’industrie, l’envie et le snobisme ne
l’aient coupée de ses vraies racines dans la nature ». Il fut
frappé par l’extraordinaire technique des maçons nubiens qui leur
permettait de bâtir des voûtes de briques crues sans employer de
cintre, par des jeux d’assises successives, légèrement inclinées,
reposant à chaque fois sur la précédente avec un biais de plus en plus
marqué.
Fathy fit venir des maçons nubiens à Baltim, près du
Caire, pour achever une ferme qu’il construisait pour la Société royale
d’agriculture, puis à Gourna où, dans l’immédiat après-guerre, il avait
entrepris la réalisation d’un village destiné à reloger, en les
déplaçant de leur « terrain de fouille », les pilleurs des tombes
antiques ensevelies dans les collines qui s’étendent à l’ouest de
Louxor. Un unique maître maçon nubien y aurait formé, en un seul trimestre, près de cinquante personnes
à la construction en briques crues séchées au soleil. On commença par
les équipements publics, mosquée, khan, marché, théâtre (qui, laissé à
l’abandon, s’effondra partiellement avant d’être restauré en 1983),
école (qui fut détruite et remplacée par un bâtiment en béton). Une
centaine de familles seulement s’y établirent sur les neuf cents qu’on
attendait, et les reproches assaillirent Fathy, qu’on accusait
notamment de vouloir imposer des modes de vie archaïques à des populations qui ne le souhaitaient pas.
Le plan du village était à la fois rationnel et
pittoresque, fracturé, ménageant des vues brisées et des hiérarchies
d’espace. Le vocabulaire architectural était austère, se réduisant à
des formes simples qu’animaient seuls les percements et les proportions
variées et sobres des volumes. Le carré, couvert d’une coupole, le
rectangle voûté, l’alcôve à demi-coupoles, la cour close et la loggia
fortement ventilée resteront le modeste abécédaire de Hassan Fathy,
ancré dans la tradition la plus dépouillée et témoignant d’une dévotion
presque religieuse à l’égard du geste de l’homme qui, de ses propres
mains, recueille, sur le sol même où il va construire, la boue dont il
fera les murs de sa maison.
Fathy édifia un village rural pour le latifundiaire
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Fares, suivie d’une seconde à Edfou en Haute-Égypte. Malgré, dit-on,
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d’infiltrations d’eau, ainsi qu’un nouveau village, celui de Baris,
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mohicho27- meilleur
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mohicho27- meilleur
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nabnoub- Nouveau Membre
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